LES SERPENTS

MARIE NDIAYE / JACQUES VINCEY

© Christophe Raynaud de Lage
photos de répétitions © Marie Petry

durée 1h45

CRÉATION 2020

29 SEPTEMBRE > 8 OCTOBRE AU THÉÂTRE OLYMPIA

Un homme enfermé. Devant sa maison, trois femmes. Sa mère, son épouse, son ex-femme. Autour un champ de maïs. Au-dessus un soleil accablant. La mère souhaite récupérer de l’argent auprès du fils. L’épouse désire sauver ses enfants. Le fils de l’ex-femme, a-t-il été autrefois enfermé dans une cage avec des serpents ? Jacques Vincey met en scène Marie NDiaye. Monstre, canicule et palabres.

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Romancière multiprimée, Marie NDiaye crée des histoires à la lisière du fantastique, explorant des situations aussi troublantes que ses personnages. Directeur du T°, Jacques Vincey met en scène Les Serpents, envoûtante partition de dialogues ciselés qui diffuse insidieusement une peur souterraine… Autour d’une mère nécessiteuse venue frapper à la porte de son fils se greffent les demandes et les attentes des deux autres femmes. Cet homme silencieux retient ses enfants auprès de lui et ne laisse entrer personne. Les Serpents relève autant du fait-divers sordide que du conte mythologique. Des sensations concrètes, triviales parfois, y suintent jusqu’à excéder la réalité, et s’infiltrer dans les recoins les plus secrets de l’inconscient.

NOTE D’INTENTION

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LES SERPENTS, PIÈCE FANTASTIQUE

Les Serpents m’ont mordu au coeur.

Les mots de Marie NDiaye sont un venin qui distille insidieusement des images, des odeurs, des sons… Les champs de maïs, la chaleur oppressante, la soif : des sensations concrètes, triviales parfois, qui suintent jusqu’à excéder la réalité et s’infiltrer dans les recoins les plus secrets de l’inconscient. Le fantastique affleure alors en filigrane, avec ses ombres et ses gouffres.

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La pièce tient autant du faits divers sordide que du conte mythologique. Trois femmes sur le seuil d’une maison, un jour de 14 juillet. A l’intérieur, un homme (fils, mari, ex-mari) et ses deux enfants. Entre la mère et ses belles-filles apparaît progressivement l’ombre du petit Jacky, l’enfant mort enfermé par son père dans une cage avec des serpents derrière la maison.

 

Si Les Serpents était un film, on parlerait de thriller psychologique, ou de comédie satirique ou encore de conte fantastique. On saluerait l’importance du hors-champ, la qualité du suspense qui se distille progressivement depuis le ventre de cette maison dont on ne perçoit que des sons et des éclats de voix. On invoquerait Hitchcock, Scola ou Lynch.
Marie NDiaye écrit une pièce dans laquelle les différents genres se télescopent, se superposent et s’entrelacent pour nourrir une atmosphère rare de reconnaissance et d’étrangeté. Ces trois femmes nous sont familières : Mme Diss, France et Nancy oscillent entre peur et nécessité du lien, dépendance affective et affranchissement, désir de liberté et culpabilité de l’abandon. Elles sont réunies autour d’une absence, d’un creux, d’un vide : cet homme tapi au coeur de la maison contamine sournoisement leurs relations et ravive les blessures primordiales, les pulsions archaïques, les terreurs enfantines. Il est l’ogre, le vampire qui se nourrit et se régénère en dévorant ses enfants. Il est le démon qu’il faut affronter pour pouvoir s’en affranchir. Le fantôme de Jacky, l’ange sacrifié, rôde et obsède les
protagonistes de cette tragédie contemporaine qui plonge ses racines dans les strates souterraines de notre imaginaire mythologique et biblique. Peu à peu, les
bornes du réel reculent pour laisser place à l’insondable et au mystère. Rédemption, transfiguration, transmutation : France endossera l’identité de Nancy tandis que Nancy pénètrera dans la maison pour occuper la place de France. Seule Mme Diss restera sur le seuil, telle Cerbère le gardien des Enfers.

 

La puissance de l’écriture de Marie NDiaye est à la mesure de sa délicatesse : rien ne laisse soupçonner ces glissements d’un niveau de réalité à un autre. Elle ne
nomme pas, n’impose rien. Elle laisse simplement percevoir la coexistence de différents seuils de perception. Mais sous cette simplicité, une solide architecture
soutient une langue précise, musicale. La pensée hoquète, bégaie parfois laissant deviner des failles profondes dans l’identité des personnages. La psychologie compte moins que le flux et reflux des âmes et des corps. Comme dans ses romans, Marie NDiaye flirte avec l’inexplicable. Dans cette pièce, elle crée un champ
magnétique dans lequel les vibrations de l’espace, de la lumière et du son provoquent des variations sensorielles qui ne peuvent s’épanouir pleinement que dans la promiscuité physique d’acteurs et de spectateurs.

Les Serpents est une pièce pour trois actrices.
J’ai réuni Hélène Alexandridis, Bénédicte Cerutti et Tiphaine Raffier pour leur talent et leur complémentarité. Trois femmes puissantes* qui infuseront leurs sensibilités particulières dans leurs personnages respectifs. Trois interprètes qui ont le goût de la langue et savent porter haut le verbe et la pensée. Un trio d’exception pour donner chair à cette partition virtuose.
Après Mme de Sade, Les Bonnes et UND, je me réjouis de réunir à nouveau un plateau féminin pour exalter toute la force et la virulence des Serpents.

 

Jacques VINCEY – Mars 2019

* Trois femmes puissantes roman de Marie NDiaye, prix Goncourt 2009.

PRESSE

 

Toute La Culture

"Jacques Vincey monte Les Serpents de Marie Ndiaye et c’est un choc esthétique.
Jacques Vincey inaugure une mise en scène minimaliste et magnifie le texte Les Serpents de Marie Ndiaye. L’expérience du spectateur par la force hypnotique de la dramaturgie est d’abord littéraire. Puis affective et instructive."

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Sceneweb

"le metteur en scène s’empare de la pièce en eaux troubles de Marie NDiaye. Conte contemporain qui réveille, sans s’en contenter, le mythe de l’ogre, elle constitue une partition complexe, mais de choix, pour Hélène Alexandridis, Bénédicte Cerutti et Tiphaine Raffier."

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De la cour au jardin

"Ce spectacle envoûtant est de ceux qui ne laissent personne indifférent, de ceux dont on parle longtemps après être sorti de la salle."

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La Terrasse

"Dans une mise en scène de Jacques Vincey, Hélène Alexandridis, Bénédicte Cerutti et Tiphaine Raffier font siffler Les Serpents de Marie Ndiaye. Elles donnent à entendre la grande intelligence de ce conte cruel et fantastique"

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production et coproduction

production Centre dramatique national de Tours – Théâtre Olympia

coproduction Théâtre National de Strasbourg ,Théâtre des Îlets – Centre dramatique national de Montluçon

Les Serpents est publié aux Éditions de Minuit

texte Marie NDiaye
mise en scène Jacques Vincey

 

dramaturgie et assistanat Pierre Lesquelen

scénographie Mathieu Lorry-Dupuy

lumières Marie-Christine Soma, assistée de Juliette Besançon
son et musique Alexandre Meyer et Frédéric Minière

costumes Olga Karpinsky 

perruques et maquillage Cécile Kretschmar

 

avec
Hélène Alexandridis Mme DISS
Bénédicte Cerutti Nancy
Tiphaine Raffier France

 

 

Les Serpents est publié aux Éditions de Minuit.