STRATES

Un film de Marie Pétry

Strates est un film construit sous la forme d’une mosaïque.

Alternant images d’archives, photos de répétitions, vidéos de la construction du bâtiment et interviews de spectateurs, ce film travaille sur la mémoire.

 

Le Théâtre Olympia inauguré en 2003 a été édifié sur les vestiges d’un ancien cinéma, lui même construit sur un ancien temple romain. Des strates de strates.

 

La qualité et les formats très différents des images (de la mini -DV première génération en 4/3 au HD 16/9, du compact au reflex plein format) sont utilisés pour travailler les matières comme indicateurs de temps. Différents supports, textures, grain de l’image, surimpressions illustrent les témoignages de ces empreintes inscrites dans notre mémoire.

 

C’est une partition à 4 mains que jouent Yvan Petit, réalisateur et Marie Pétry photographe.

Le premier a filmé les travaux du bâtiment et les pièces de Gilles Bouillon durant les 10 premières années, Marie Pétry a photographié les différentes étapes du processus de création de Jacques Vincey les 10 suivantes.

Ils alternent, questionnent, confrontent leurs souvenirs visuels avec comme ligne directrice la parole des spectateurs.

NOTE D’INTENTION

 

C’est un anniversaire.

L’anniversaire du Théâtre Olympia.

L’anniversaire de 2 metteurs en scène, restés respectivement 10 ans à la direction de ce lieu.

Mais surtout, c’est l’anniversaire d’un public qui a grandi, vieilli avec lui.

 

Dans ce nouveau projet, je souhaite donner la parole au public.

 

 

Contre-champ

En 2021, j’ai réalisé deux séries de diaporamas sonores en 10 épisodes qui racontaient mon lien avec ce théâtre : L’Attachement et En Aparté.

La première parlait de ce que l’on voit dans ce théâtre (équipe, créations, festival).

La seconde, de ce qui se cache derrière le rideau (ateliers, répétitions, ensemble artistique)

Après le champ et le hors-champ, je souhaite m’intéresser aujourd’hui au contrechamp : le public.

Qui sont les spectateurs ? Quel impact a le théâtre dans leur vie ?

Que reste-t-il une fois la représentation terminée ?

 

20 ans.

C’est quasiment une génération.

 

L’histoire d’un théâtre dans la cité

À la fin des années 90, Gilles Bouillon, alors directeur du Théâtre Louis Jouvet, impulse le projet de la construction d’un nouveau théâtre dans l’hypercentre de la ville de Tours.

Tour(s) Plus, la région et l’Etat financent les travaux qui débutent en 2002.

La complexité du chantier due au manque de place puis à la découverte d’un temple romain enfoui sous la parcelle retardent son lancement. L’inauguration a finalement lieu en 2003.

 

C’est alors tout un quartier qui se transforme, un public qui s’élargit, une accessibilité à la culture qui se développe. Son emplacement bien sûr, mais aussi la programmation choisie et les actions culturelles menées attirent un nouveau public.

 

Un théâtre dans la cité.

Des citoyens qui s’approprient les lieux.

Qui sont-ils ?

 

Une photographe en immersion

A l’ouverture de ce théâtre, j’ai été embauchée comme responsable de l’accueil et de la billetterie.

Pendant 8 ans, j’ai accueilli, renseigné, rassuré ce nouveau public.

Très vite, j’ai remarqué leur curiosité pour ce bâtiment.

Ils entraient pour y voir la structure, l’aménagement. Ils ont voulu comprendre ce que l’on y faisait, imaginer à quoi il allait servir, se projeter dans ces murs.

Le sentiment d’être « chez eux » a tout de suite été très fort.

 

Les publics

Certains étaient curieux, un peu intimidés, s’imaginant qu’ils n’étaient pas tout à fait légitimes à cet endroit, avec cette peur de s‘ennuyer ou de ne pas comprendre le propos des pièces.

Ils sont venus quand même. Ils se sont abonnés pour beaucoup.

Ils n’ont pas toujours été convaincus, mais se sont fidélisés.

Ils ont maintenant un avis, un point de vue sur les spectacles.

 

D’autres, « les anciens abonnés », ont perdu un peu de leurs privilèges mais ont découvert, heureux, de très bonnes conditions d’écoute, d’assise, de visibilité…

Le nombre d’abonnements a explosé de manière exponentielle chaque année.

 

Beaucoup d’élèves des établissements scolaires de l’agglomération sont venus assister à des représentations. Autant de spectateurs potentiels qui n’ont plus peur de pousser la porte du théâtre. Et des comédiens du centre dramatique national de Tours, certains issus du dispositif Jeune Théâtre en Région Centre, interviennent en options théâtre dans quasiment tous les lycées de la ville.

 

Les actions

Les actions culturelles n’ont cessé de se réinventer sous forme d’ateliers, stages, résidences mission, visites du théâtre …

Des passerelles ont été mises en place avec les autres structures culturelles de la ville.

L’équipe a changé, s’est transformée. La communication numérique s’est développée.

Les réseaux sociaux sont devenus incontournables.

 

Un théâtre « communautaire »

Une des missions d’un centre dramatique est de développer « toute forme d’action artistique permettant une sensibilisation de la population qui  ne  fréquente  pas  les  lieux  de  spectacles,  qu’elle  en  soit  éloignée pour des raisons sociales, géographiques, culturelles ou économiques ».

 

À travers cet anniversaire, nous aborderons des questions liées à la notion de service public, d’ancrage dans une ville. Au moment où ce secteur peine à faire revenir son public suite au Covid, la notion de « commerces essentiels » employée à l’occasion du confinement nous rappelle qu’il ne tient qu’à nous d’en faire un lieu indispensable.